Lors d'une occasion très particulière Luna avait rencontré Raphaël.
Une rencontre hors du temps et qui restera comme un doux rêve, une parenthèse à la réalité, un pas de géant dans un univers inconnu et lointain.
Il était beau, svelte, et ce qui avait le plus frappé Luna, c'était sa taille, qui lui avait d'abord semblé démesurée. Extrêmement grand, il dominait le monde et avait un panorama dégagé et une vue aérienne de ce qui l'entourait. Ses cheveux, légèrement bouclés lui donnaient l'air artistique et ses grands yeux pétillaient d'intelligence.
Très bien élevé, cultivé, il avait cependant ce petit air jovial qui laissait penser qu'il savait être drôle, simple et "cabotin "!
Il était beau, svelte, et ce qui avait le plus frappé Luna, c'était sa taille, qui lui avait d'abord semblé démesurée. Extrêmement grand, il dominait le monde et avait un panorama dégagé et une vue aérienne de ce qui l'entourait. Ses cheveux, légèrement bouclés lui donnaient l'air artistique et ses grands yeux pétillaient d'intelligence.
Très bien élevé, cultivé, il avait cependant ce petit air jovial qui laissait penser qu'il savait être drôle, simple et "cabotin "!
Notre petite rêveuse fit de son mieux pour paraître sûre d'elle, maîtresse de ses émotions et se promit qu'elle ne se ferait pas avoir de si tôt, par une jolie frimousse et un regard enjôleur.
Elle continua son chemin, sa routine, sans danger, sans le moindre risque de souffrir. Son énergie, elle la préservait, essayant tant bien que mal de se réparer et de se construire une petite cabane en bois, pendant que le loup n'y est pas.
Il réapparut un jour, et la regarda profondément. Il la frôlait, elle le sentait tout près d'elle. Un dialogue mystérieux s'établit entre leurs coudes et leurs avant bras. Ils ne se voyaient pas, ils se sentaient, se touchaient, se parlaient parfois et regardaient dans la même direction. C'était étonnant et troublant. Elle avait envie de rire lorsqu'elle le regardait, l'envie d'être insolente, excessive. Elle sentait l’émotion frapper trop fort dans sa poitrine, il fallait la laisser sortir.
Elle râlait intérieurement se disant: " Tu es vraiment impossible comme fille! Toutes ces leçons ne t'ont servi à rien alors? Regarde toi? Une vraie gamine innocente prête à plonger la tête la première. Tu as pourtant eu ta dose ces derniers temps et t'as frôlé la crise de foie. Alors franchement, mieux vaut ne pas s'approcher de la première tablette de chocolat venue."
L'amour fait souffrir, l'amour fait mal, mais on recommence à chaque fois et on a envie de recommencer. Pourquoi? La première raison est que l'on aime souffrir, c'est la nature humaine! Ça pimente la vie, ça la rend belle, forte, intéressante et instructive. C'est ce qui nous fait avancer. S'il n'y avait que du bonheur, on ne s'en rendrait même plus compte. Il faut souffrir pour pouvoir apprécier les bons moments.
La deuxième raison c'est que l'on oublie. Dieu merci, l'être humain oublie très facilement et très vite. Il a souffert, aussitôt dit, aussitôt oublié, il veut recommencer.Les bons moments restent, les émotions fortes, cette exaltation des premiers temps, ce sentiment de se sentir vivant et fort. Et puis il y a toujours cet espoir insensé qui est que, cette fois ci, peut être, ça marchera!
Alors nous y voilà, Luna, prête à plonger la tête la première dans une piscine de sucreries. Elle reste au bord, quelque chose la retient encore. La peur, la peur de se noyer et de ne plus réussir à en sortir. Prête à tomber dans ce marasme collant et dégoulinant. Elle s'imagine collée à un gros marshmallow rose, comme prisonnière de sa gourmandise et de son désir. Elle, qui venait tout juste de retrouver sa liberté. La liberté qu'elle aime tant et qui lui fait pousser des ailes. Raphaël en valait il la peine? Elle se posa la question. Elle le regarda, essaya de pénétrer son âme. Rien, elle ne vit rien. Elle avait dû se faire des films dans sa petite tête de rêveuse. Sa spécialité, imaginer des choses qui n'existaient pas. Elle se dit que, finalement elle se prenait la tête pour rien, et que de toute façon, elle ne l'intéressait sûrement pas. Il devait avoir une copine, grande et très mince, avec de très longues jambes, des cheveux longs, raides et blonds. Une fille qui s'habille en Gérard Darel ou en Zadig et Voltaire. Une fille intelligente avec une belle carrière, il le méritait. Ils devaient former un très beau couple.
Elle était dans cette réflexion, en train d'imaginer sa fiancée parfaite, en train de courir sur une plage, ses longs cheveux blonds s'envolant dans le vent et David Hasselof surgissant de nul part en sauveteur des plages, quand tout d'un coup il arriva et l'aborda. Il commença à lui parler cinéma et lui lança des perches de quatre mètres cinquante qu'elle ne saisit pas, évidemment. Elle avait un train de retard et, elle qui normalement était dotée d' une étonnante répartie, resta muette comme une carpe, ou ne trouva à dire que des banalités. Elle était surprise, troublée par cet intérêt soudain qu'il lui montrait et ne sachant plus quoi penser et sur quel pied danser, elle demanda conseil à une de ses amies qui était présente. Celle ci, dépitée lui dit: " Ma pauvre chérie t'as du caca dans les yeux franchement. Bien sûr qu'il t'a dragué! Ce que tu peut être gourde quand même, t'aurais dû sauter sur l'occasion quand il t'a parlé de son film et lui proposer de le voir avec lui!"
"Ah bah oui c'est vrai j'y ai pas pensé sur le coup." Oui effectivement, une vraie nunuche! C'était mal barré.
"Ce n'est pas grave." se dit-elle. " Je lui écrirai un mail, en lui disant que j'ai vu le film, que j'ai adoré et lui proposerai d'en parler devant un café. " Les jours passaient et elle ne voyait pas le film, elle n'écrivait pas de mail et perdait sa motivation.
Ce qui la tracassait c'était, qu'elle avait des principes. Une femme ne peut pas être aussi entreprenante avec un homme. "Que va t il penser de moi si je l'aguiche comme ça? Et puis en même temps, pourquoi ne fait il pas le premier pas lui? Si vraiment il était intéressé, il aurait fait signe." C'était une des leçons qu'elle avait fini par retenir, quand un homme veut quelque chose, il sait comment l'obtenir.
"Il est peut être timide? Il n'ose peut être pas?" Ça lui fit penser à une phrase qu'elle détestait et qui pourtant était devenue une maxime pour une grande majorité de gens:
"Il faut laisser les choses se faire!" Laisser les choses se faire? Mais comment les choses pourraient elle se faire toute seules? Il faut bien que quelqu'un agisse, il faut des actes, de l'énergie, de la foi, de la vie. Si l'on ne fait rien, rien ne se fait! Le problème était qu'elle s'était fait une promesse. "Je me promets que l'homme avec un grand H sera un homme qui sait ce qu'il veut." Aïe Aïe Aïe. Espèce en voie de disparition, presque en totale extinction. Et elle, savait elle ce qu'elle voulait? Elle voulait se laisser séduire. Elle voulait qu'un homme fasse des pieds et des mains, pour l'avoir. Qu'il lui montre à quel point elle était précieuse et à quel point elle en valait la peine. Elle voulait un coup de foudre, une reconnaissance, une évidence. Voilà ce qu'elle voulait! Peut être qu'elle ne le trouvera jamais. Peut être que c'était lui et qu'elle le laissera bêtement s'échapper. Elle n'avait aucune certitude.

